Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'ai dansé sur les flots
3 février 2012

La petite fée des rêves

Il était une fois un petit garçon qui n’arrivait pas à s’endormir. Chaque soir, c’était la même chose : quand la nuit tombait, il avait peur de cette obscurité, il avait peur de se retrouver seul dans son lit, peur de se séparer de tous ceux qu’il aimait… Chaque soir, il lui fallait dire au revoir, pour toute la nuit, à sa maman, à son papa, à ses doudous… Et personne ne restait avec lui pour l’aider à surmonter ce moment… Alors chaque soir, inlassablement, il réclamait l’aide des fées. Chaque soir, il envoyait une petite prière aux fées pour qu’elles viennent l’aider à se sentir moins seul et pour qu’elles l’aident à s’endormir. Mais jamais, jamais, les fées n’étaient venues. Elles lui répondaient toujours du même ton désinvolte : « Pfff ! De l’aide pour dormir ? Mais personne n’a jamais eu besoin d’aide pour dormir ! Nous valons mieux que ça ! Quand tu auras vraiment besoin de quelque chose de précieux, alors nous nous déplacerons, mais pas avant ! ». Et le pauvre petit garçon restait seul dans son lit, avec sa peur et sa tristesse, appelant chaque soir les fées un peu plus fort…

Très loin de là, à l’autre bout de ce monde, vivait une toute petite fée de rien du tout, une petite fée minuscule, presque invisible, aux ailes légères et fragiles. Cette petite fée attendait chaque jour que quelqu’un lui confie une mission. Aussitôt qu’elle entendait un appel, elle se précipitait, elle bravait tous les dangers, et bien souvent, elle était la première arrivée. Mais quand on la voyait –si toutefois on la voyait –on se mettait à rire, on haussait les épaules, on la chassait d’un revers de la main. « Mais qu’est-ce que c’est que cet insecte qu’on m’envoie ? C’est d’une fée dont j’ai besoin, pas d’un moustique ! Non, non, petite fée de rien du tout, reviens quand tu seras plus grande ! Pour l’instant, tu es bien trop petite pour pouvoir m’aider ! ». Et la pauvre petite fée rentrait seule dans son petit nid, désœuvrée, chaque soir plus triste, chaque soir plus invisible que la veille… Quand donc quelqu’un la prendrait au sérieux ? Quand donc lui confierait-on une mission dont elle pourrait être fière ?

Et voilà qu’un soir, alors qu’elle attendait en rêvassant devant le coucher du soleil, elle crut entendre une petite voix… Elle prêta l’oreille. Oui, oui, c’était bien un appel ! Il venait de très très loin ! C’était miraculeux qu’elle puisse l’entendre, à cette distance ! Elle écouta encore : c’était un petit garçon, seul et triste dans son grand lit, minuscule et perdu devant la nuit noire. Aucune hésitation : elle fit son tout petit baluchon et s’envola séance tenante. Le voyage ne fut pas simple. Pendant toute une nuit et toute une journée, elle vola sans s’arrêter, se méfiant des chauves-souris qui risquaient de la confondre avec un moustique, des hirondelles qui pouvaient la gober en plein vol, et des gouttes d’eau qui, si elle ne se méfiait pas, l’écraseraient au sol. Enfin, le lendemain soir, elle arriva devant une petite maison bien mise, avec un petit jardin bien tenu, des rosiers et des géraniums. Elle voleta jusqu’à la fenêtre du petit garçon, se glissa dans sa chambre en se faufilant par une petite ouverture entre les volets, et s’approcha de lui tout doucement, alors qu’il était allongé, les yeux grand ouverts dans l’obscurité, comme deux étoiles obstinées. Elle se blottit contre son oreille et murmura : « Petit garçon, je suis là ! ».

 Après tant de nuits passées à appeler en vain les fées, le petit garçon n’en crut pas ses oreilles. Etait-ce possible ? Enfin, quelqu’un l’avait entendu, quelqu’un qui n’était pas venu pour se moquer de lui, quelqu’un qui allait pouvoir briser le silence de la nuit… La petite fée s’installa au creux de l’oreille du petit garçon et lui expliqua qu’elle venait de très loin, que c’était pour ça qu’elle avait mis longtemps, mais qu’elle le comprenait, qu’elle allait l’aider, le prendre par la main pour traverser l’obscurité, qu’avec elle, il n’aurait plus peur, qu’il ne serait plus seul. Elle lui  parla de son lointain pays, de son petit nid de fée où elle aussi, elle connaissait la solitude, elle lui parla de son voyage, des hirondelles et des chauves-souris, des gouttes d’eau dangereuses et des flocons de neige dans lesquels elle pouvait se cacher toute entière. Puis elle lui raconta la nuit : les étoiles lumineuses une à une éclairant le ciel, la lune énorme qui faisait des clins d’œil aux insomniaques, les chats graciles et souples qui vagabondaient sur les toits, transformant la ville en un terrain de jeu rien que pour eux, les chouettes sur les ailes desquelles on pouvait voyager longtemps, pourvu qu’on ne les dérange pas en leur tirant les plumes… Elle lui raconta la nuit tellement bien, il la devina si pleine de créatures mystérieuses et amicales, qu’il n’eut plus peur. Et chaque soir, quand le soleil se couchait, le petit garçon s’installait dans son lit en attendant avec impatience que son amie la petite fée des rêves vienne le retrouver, se blottir au creux de son oreille et l’emporter vers mille et un songes...

Publicité
Publicité
Commentaires
J'ai dansé sur les flots
Publicité
Archives
Publicité